La journée bien que pénible tirait enfin à sa fin. Au fond elle n’avait pas été très chargé puisque n’ayant eu aucun appel j’étais plutôt resté à la caserne à me faire une petite séance d’entraînement. C’était ça la réalité du métier de pompier, quand il n’y a pas de feu on reste disponible à la caserne au besoin et on est libre de faire ce que l’on veut. Pour ma part disons que j’en profite surtout pour maintenir ma forme. En route vers chez moi je sentais mon ventre gargouiller et juste à penser à mon frigidaire vide je savais déjà que j’allais finir par composer le numéro de la pizza du coin. Juste à m’imaginer prendre une bouchée et je salivais déjà. J’étais pas tellement doué en cuisine et la plupart des trucs que j’ingérais étaient préparés ou semi-préparés d’avance mais disons que je le vivais bien quand même.

Au moment où je tournais dans ma rue le soleil avait déjà commencé à se cacher derrière les maisons mais je ne pouvais m’empêcher de penser que la soirée était encore jeune. Je détestais perdre une soirée à rien faire seul chez moi, c’est comme si je me devais de voir des gens et d’en profiter au maximum. J’étais presque rendu lorsque je dû appuyer au fond de la pédale de freins alors qu’une silhouette féminine venait d’apparaître devant mes phares. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine alors que mes mains étaient crispées sur le volant. Il ne me fallut que quelques secondes pour comprendre que c’était ma voisine et j’haussais les mains, maintenant énervé par la situation. Je sortis aussitôt de la voiture avant de m’avancer vers celle-ci.  « Mais ça va pas? T’aurais pas pu faire attention en traversant bon sang! Tu veux te faire frapper ou quoi! » S’il avait fallu que je sois moindrement concentré sur autre chose je l’aurais heurter avec ma voiture et c’était une évidence. De son côté elle ne semblait pas réaliser à quel point les choses auraient pu être pire, ce qui m’énerva d’autant plus.

Je sentais mon sang bouillir dans mes veines et je ne savais pas si c’était parce que je la trouvais carrément insouciante d’avoir traversé ainsi la rue ou si c’était pas plutôt le stress d’imaginer ce qui aurait pu se passer s’il avait fallu que je ne freine pas à temps. Avant même de lui dire quoi que ce soit je l’observais retirer les écouteurs de ses oreilles ce qui me fit rouler les yeux. Non seulement elle traversait sans se soucier des autres mais en plus elle n’aurait même pas entendu si quelqu’un avait voulu la prévenir d’une quelconque façon. J’étais tout simplement incapable de garder mon calme, et à peine eus-je terminé de parler qu’à son tour elle roula ses yeux, ce qui ne fit qu’augmenter ma frustration. Je n’arrivais pas à croire que c’était ma voisine, techniquement on essaie de bien s’entendre avec ceux-ci mais Deh et moi on était comme chien et chat.

Son ton arrogant ne faisait qu’envenimer la situation mais j’étais pas prêt à lâcher le morceau.  « Oh parce que tu crois peut-être qu’il faut rouler à 100 km/h pour faire des dommages lors d’un accident ? » Je ne pouvais même pas croire qu’elle était à ce point insouciante !  « Puis vue comment tu as si bien observé de chaque côté de la rue avant de traverser je suppose que tu avais remarqué que je ne roulais pas suffisamment rapidement pour qu’il t’arrive quoi que ce soit dans le cas où je ne me serais pas arrêté à temps ? » Je m’arrêtais net prenant une grande inspiration histoire de ne pas ajouter autre chose. Le soleil était maintenant bien caché et la seule raison pourquoi j’arrivais encore très bien à la distinguer c’était qu’elle se tenait tout juste devant mes phares de voiture.

Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter une voisine dans ce genre. C’est ce que je ne cessais de me répéter alors qu’elle me confirmait n’être pas si stupide que ça… et pourtant. Je tentais de rester calme mais je ne pouvais m’empêcher de serrer les dents tellement elle m’énervait. « Rien n’est arrivé alors arrête d’en faire un drame. Puis de toute manière, t’es pas genre pompier ou un truc comme ça? Tu devrais avoir honte de pratiquement faucher les piétons. » Je restais un long moment bouche bée parce qu’elle venait tout juste de dire. Elle ne pouvait pas être sérieuse ?  « Tu te penses maline peut-être mais le jour où il t’arrivera quelque chose pas imprudence tu l’as trouvera peut-être moins drôle. » Je ne savais même pas comment je faisais pour garder mon sang-froid mais les personnes qui me connaissent un minimum sauraient que ça relève du miracle.

La jeune femme me désigna la voiture qui arrivais tout en me mentionnant que je devrais peut-être dégager ma voiture. Ça l’amusait carrément de me dire ça alors que de mon côté ça ne faisait que me mettre encore plus en rogne.  « Ouais bah si tu pouvais dégager la rue ce serait déjà plus simple hein. » Sans attendre de réponse de sa part je pris place derrière le volant claquant la porte de ma voiture. Je démarrais puis allais me stationner avant de descendre et de verrouiller derrière moi.  « C’est bon comme ça ? Je suis bien stationné ? » demandais haut et fort de façon sarcastique alors qu’elle semblait avoir pris la route pour retourner chez elle. Je sais pas pourquoi je sentais le besoin de la provoquer à nouveau mais maintenant que c’était dit c’était trop tard.

En moins de deux j’étais stationné alors que je sentais toujours mon sang pulser dans mes veines. Il fallait franchement que je me ressaisisse et que j’arrive à contrôler ma colère parce que je n’allais pas faire bonne impression dans le coin si je continuais à me prendre la tête avec les gens habitant dans le coin. Je lui lançais une dernière remarque m’attendant à ce qu’elle ne réponde même pas mais ce ne fût pas le cas. « Bravo. Tu veux une médaille maintenant pour aller avec tes trophées? »

Un petit sourire se dessina au coin de mes lèvres alors que je me tournais vers elle.  « Tiens en voilà une jolie proposition, j’aurais quand même préférer que tu m’offres un verre ou un truc du genre… » Je savais bien qu’elle ne le ferait jamais et c’est pourquoi je prenais tant de plaisir à le lui proposer tout en la toisant du regard. En vérité j’étais un peu un chercheur de trouble mais bon, je m’assumais très bien dans ce rôle. On se retrouvais les deux face à notre porte d'entrée à continuer à se parler, franchement on devait avoir l'air assez stupide merci surtout que j'étais à peu près convaincu que certains voisins n'avait rien raté de notre altercation depuis le début.