C’était un patient après l’autre et ça n’arrêtait jamais. En débutant ma formation pour devenir infirmier je savais que les horaires de travail étaient assez chargés, mais jamais à ce point-là. Le peu de fois où l’on pouvait se « reposer » en dehors de nos pauses c’était lorsqu’on discutait avec des membres de la famille sauf qu’il s’avérait parfois que ce soit des sujets plutôt sensibles. Pour une fois ce n’était pas le cas, j’expliquais brièvement la condition de santé de la mère de la jeune fille avant d’entendre quelqu’un m’appeler par mon prénom. Le ton que la jeune femme pris pour me le demander et surtout la façon qu’elle avait de sous-entendre que je n’étais pas en train de travailler vint carrément m’irriter.  « Bah écoute tu peux toujours commencer sans moi si je suis pas en train de le faire c’est que forcément j’étais déjà occupé à autre chose. »

Je tentais de garder un ton calme parce que je ne voulais pas m’énerver devant la jeune femme à qui je venais tout juste de donner quelques informations complémentaires. Je terminais rapidement en lui indiquant que je repasserais un peu plus tard avant de faire volte-face pour mieux voir celle qui se permettait de me traiter comme si je valais moins qu’elle. Je fronçais les sourcils tout en l’observant de haut en bas.  « Tu sais que c’est pas parce que tu étudies pour devenir chirurgienne que tu as plus de droit ou d’autorité que les infirmiers. » J’en avais plus qu’assez qu’on nous prenne pour des esclaves comme si l’ontdevait subvenir à leur moindre besoin le plus rapidement possible.

Je n’en revenais pas à quel point les médecins avaient parfois tendance à se prendre pour des autres. Je sais que ce n’est pas le cas de tous mais quand j’observais la brunette qui se tenait près de moi je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle finirait comme l’un de ses prétentieux qui se prend pour dieu! C’était vraiment pas journée et pour une fois je n’avais pas vraiment envie de faire des efforts pour rester poli parce que soit disant c’est ainsi qu’on doit agir avec ses collègues.  « Vingt minutes? C’est cher payer pour aller à la recherche d’un infirmier! » Elle était probablement même pas payé puisqu’elle était en stage à l’hôpital mais c’était plus fort que moi, je devais souligner le fait qu’ils étaient souvent payé pour rien alors que nous, les infirmiers, chaque minute était compté et on avait intérêt à ne pas perdre notre temps.

Je vins me poser devant elle et au final un soupire s’échappa de mes lèvres. Je ne me voyais pas perdre un autre vingt minutes à m’obstiner avec elle car au final je savais que c’était moi qu’on blâmerait pour le retard de préparation, c’était toujours ainsi. - Et puis merde. J’ai pas à me justifier et tu t’as rien à me dire sur la conduite que je devrais avoir. Je posais mon regard dans le sien me demandant si elle le faisait exprès de me chercher aujourd’hui. Est-ce que j’avais la tête d’un mec patient ou quoi ?  « Non les médecins n’ont jamais à se justifier pour rien de toute façon ! » Je ramassais sèchement les papiers que j’avais laissé sur le comptoir.  « C’est bon on peut y aller maintenant ? » Je ne pouvais m’empêcher de penser au pauvre patient qui allait subir la tension insupportable entre nous deux.