Dis Oliver… est-ce que c’est grave de toujours en vouloir plus ?
On perçoit souvent ces gens comme étant des personnes égoïstes, mais j’ai plutôt l’impression de ne pas savoir ce que je veux. Comme tu le sais, depuis un moment ma grande sœur Cassidy fait des études en médecine… Pourquoi est-ce que je ne peux pas en faire autant ? Pourquoi suis-je forcée de restée dans mon propre univers ? Elle a toujours été un modèle pour moi… tu le sais ça ? Comme une mère. Sa silhouette est svelte, ses yeux sont d'un vert éclatant, une femme magnifique… avec des formes juste aux bons endroits. Par-dessus tout, elle a trouvé l'homme de sa vie, avec qui elle élève deux gosses dans une belle maison - normal, puisque tous les deux sont médecins. Heureusement que j’ai ma petite sœur… Dans cette grande maison je me sens beaucoup moins seule, à être « la raté » (désolée Bryanna mais t'es la stripteaseuse du coin quoi !). Parfois, même si je la trouve un peu chiante, j’ai l’impression qu’on peut vraiment communiquer et compter l'une sur l'autre.

Tu sais, j’ai commencé à fumer… Garde ta salive, je sais ce que tu vas me dire : Ta mère va te tuer, c’est mauvais pour la santé, tu veux crever ? Si t’étais devant moi là, j’suis sûre que j’y serais passé et j’aurais été obligée de te rappeler ces bons souvenirs du camping pour acheter ton silence. Parce que toute magie vient avec un prix, n’est-ce pas ?

Ma présence est inutile dans cette société, mais ça personne ne semble s’en rendre compte. Ou du moins, personne n'ose le dire. Mais quand tu es là, ma vie semble avoir un sens… comme si je redevais la même qu'avant. Les nombreux vendredis soir qu’on passait à l’arcade à jouer au pinball, ce petit luncheonette qu’on squattait tous les mercredis midi, les dimanches matins DVD… pourquoi est-ce que j’ai changée ? Où est-ce que j’ai déraillée ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas être sympa pour une fois ?

J’aurais dû regarder ailleurs, j’aurais simplement dû l’ignorer. Le problème, ne peut pas être plus loin que dans mon crâne. On dit d’arrêter d’écouter notre tête et de suivre notre cœur… mais les émotions, ils proviennent tous de là-haut. Oliver, existe-t-il vraiment un moment idéal où tu peux te regarder dans le miroir, affronter tes démons... et te dire qu’il est finalement temps de lâcher prise ? que puis-je dire ? il n’y a rien à dire… Tu as toujours été là pour veiller sur moi, même si étrangement, on dirait que c'est toi qui a besoin de moi. Tu me connais mieux que quiconque… alors pourquoi ?

Ce soir-là je suis rentrée chez moi, un soir de pluie si je ne m’abuse. Mes parents étaient entrain de s'embrouiller, sans doute encore vis à vis la deuxième vie de Frank le champion. J'en avais marre, je voulais que ma vie change... Je suis montée à l'étage retrouver ma chambre que je partageais avec ma sœur. "Alice, ça va ?" me demanda-t-elle, les yeux ronds. Elle a surement tout vu... J'hochai la tête et m'installai à mon ordinateur. Je n'avais qu'une seule envie : te parler. Je savais que tu allais me proposer d'aller chez toi, tu l'as déjà fait plein de fois, alors j'ai préparé mon sac et j'ai attendu que tu me le demandes officiellement. Mon cœur battait fort parce que ce serait la première fois qu'on se verrait à vie - mais je m'en foutais. L'idée de te serrer dans mes bras m'importait bien plus que n'importe quoi.

Quatre heures plus tard j'étais dans tous mes états, devant toi. J'ai marché jusqu'à toi pour me glisser dans tes bras, nichant mon visage au creux de ton cou. Un long silence s'est installé et la première chose que tu m'as dit a fait sécher mes larmes, pour laisser place un rire honnête : "On s'fait un Dead Space ?"

J'ai passé plusieurs jours chez toi, avant de trouver le courage de rentrer chez moi. Mais je me sentais prête... je me sentais forte. S'ils voulaient voir une salope, ils allaient en avoir une. Ce n'était peut-être pas la meilleure décision de ma vie... mais c'était bel et bien la seule décision qui m'avait donné un peu de confiance en moi. Si ces photos continuaient de circuler encore après une semaine, il n'y avait qu'une seule solution : Le prendre comme un compliment.