Jade, c’est la douceur. Originaire de Californie, elle est le fruit de l’amour d’un couple heureux, à qui tout semblait sourire. Les premières années de sa vie n’ont été qu’amour et joie, rien ne dénotait dans le joli tableau formé par la famille Oswald. Bien sûr rien n’est jamais parfait mais leurs besoins étaient tout aussi satisfaits que leurs désirs. Il aura suffit d’une journée pour mettre fin définitivement à cette période sans encombre. Jade avait cinq ans la dernière fois qu’elle a vu son père. Comme tous les matins, il était venu la réveiller et l’avait prise dans ses bras pour l’emmener devant la télé, où l’attendait déjà son petit déjeuner – elle était sa princesse. Et comme tous les matins, il l’avait conduit à l’école avant de prendre le chemin du travail. Mais ce matin-là, un homme inattentif a grillé un feu rouge et violemment percuté la voiture qui arrivait en face. Le père de Jade n’a eu aucune chance de l’éviter et est décédé sur le coup. Jade n’a pas compris pourquoi sa tante l’attendait devant l’école à la fin de la journée, elle s’attendait à voir sa mère, comme tous les jours. Mais elle adorait sa tante et n’en a pas fait cas, elle était ravie d’aller passer la fin d’après-midi chez ses cousins, ils avaient de supers jouets et c’était l’amusement assuré. Elle a commencé à se poser des questions quand sa maman est arrivée pour la ramener à la maison, complètement effondrée. Sa maman pleurait. Jade n’avait jamais vu ça. Elle avait dû se faire très mal, mais Jade allait l’aider, elle savait soigner les bobos – du rouge, un pansement et un bisou magique, ni vu ni connu, comme disait papa. Mais maman n’avait pas de bobo et pourtant, les larmes ne tarissaient pas. Ce soir-là, elles ne sont pas rentrées à la maison. Ni le suivant. Elles ont passé quelques jours chez l’oncle et la tante, maman avait besoin d’aide. Parce que papa n’était plus là. Et ça, Jade ne le comprenait vraiment pas. Papa ne partait jamais longtemps, il revenait tous les soirs après le travail. Et ses week-ends étaient consacrés à Jade. Alors cette histoire comme quoi il était parti au ciel, elle n’en croyait pas un mot – en plus, il détestait l’avion. Il n’aurait jamais fait ça sans la prévenir au préalable et lui dire combien de temps il serait absent. Balivernes. Mais papa n’est jamais rentré à la maison.

Les mois qui ont suivis la disparition de son père ont été très durs pour Jade, comme pour sa mère. Mais cette dernière a tout fait pour cacher sa peine à sa fille et s’en occuper du mieux qu’elle pouvait. Elle n’aurait pas pu mieux faire, et Jade lui en est très reconnaissante aujourd’hui. La petite fille a fini par cesser de poser les habituelles questions, qui à la longue avaient fini par sonner comme une ritournelle. « Où est papa ? Il rentre quand ? Il va m’emmener à l’école demain ? On peut l’appeler ? » Mais elle a changé, est devenue plus renfermée, moins confiante, un peu plus dans sa bulle. Très possessive avec sa mère, elle avait peur de l’abandon, peur de la perdre elle aussi. A l’école, elle qui auparavant était toujours entourée d’un groupe de copines, ses professeurs se sont rendus compte qu’elle était plus solitaire. Etre en groupe ne la dérangeait pas, mais elle était dans la lune presque en permanence. Ses rendez-vous chez le psychologue – qui avaient commencé juste après le décès de son père – se sont faits plus fréquents, pour l’aider à surmonter la perte et le deuil, mais il a fallu du temps pour qu’elle retrouve sa nature enjouée.
Et puis, il y a eu Rick. Jade avait neuf ans. Sa mère lui a expliqué qu’elle avait un ami qui souhaitait la rencontrer. Il est arrivé un week-end, avec son sourire franc et un paquet de bonbons, et s’est tout de suite mis Jade dans la poche. Après ce jour-là, il est revenu plusieurs fois chez les Oswald, toujours avec un petit cadeau pour la petite blonde caché quelque part – une couronne de princesse, des chocolats, des pochoirs, tout et n’importe quoi. Un jour, il est arrivé avec une enfant. Sa fille. Si au départ Jade a ressenti une pointe d’amertume à l’idée de ne pas être la seule princesse dans la vie de celui qu’elle considérait comme son prince charmant, elle est vite passée outre. Haute comme trois pommes, la gamine de deux ans et demi a vite fait sa place dans le cœur de Jade, qui la trouvait bien plus amusante que ses poupées Barbie et autres baigneurs. Alors quand Rick lui a demandé si elle était d’accord pour venir vivre chez lui avec sa maman, elle n’a pas hésité. Et le mot « famille » a doucement retrouvé sa saveur d’antan.

Adolescente, Jade se découvre au détour d’un stage une passion pour la médecine. Son caractère profondément altruiste la pousse vers cette vocation. Après avoir passé un été à faire de l’humanitaire en Ethiopie et côtoyé plusieurs médecins, elle en est sur, c’est ce qu’elle veut faire de sa vie. Secrètement, elle le fait aussi pour son père. Elle a beau savoir que même s’il y avait déjà eu une ambulance sur place, il aurait été impossible de le sauver, elle veut éviter à d’autres personnes d’avoir à subir la même perte qu’elle. Jade commence à rêver d’Harvard et même si son dossier scolaire est excellent, le désir de réussir la pousse à travailler encore plus. Parallèlement elle tombe amoureuse pour la première fois et connaît sa première déception. « Les intellos c’est pas mon truc », presque dix ans plus tard elle s’en souvient encore. Tant pis, il n’en vaut pas la peine. Jade la romantique est persuadée que l’amour se cache à chaque coin de rue. D’ailleurs, quelques mois plus tard, elle rencontre le garçon qui lui fera vivre un grand nombre de ses premières fois.
La dernière année de lycée arrive et l’excitation est à son comble. Bientôt, elle va quitter le nid familial et commencer ses études supérieures. Elle attend avec impatience de recevoir les lettres des universités dans lesquelles elle a postulée, notamment celle d’Harvard. Et, faisant la grosse fierté de sa mère et de Rick, la grosse enveloppe marquée du sceau de la prestigieuse université arrive. Un premier pas – et pas des moindres – vers l’avenir qu’elle espère construire. Son amoureux est accepté lui aussi, Jade croit de plus en plus au destin. Les deux californiens quittent la terre natale, valise sous le bras, prêts à commencer leur vie d’adulte. Ils se sépareront quelques mois plus tard, au diable le destin.

A Harvard, Jade fait peau neuve. Elle oublie ses complexes d’adolescente et s’épanouit pleinement. Sa mère lui manque, Rick et sa demi-sœur aussi, mais la vie d’étudiante la change pour le mieux. Elle fait de nouvelles rencontres, s’attèle à de nouvelles activités, se découvre des passions. Séduisante sans en avoir réellement conscience, elle attire les hommes qui sont nombreux à vouloir la mettre dans leur lit. Mais Jade tombe amoureuse au premier regard et a la fâcheuse tendance de voir de l’amour à la place du désir… les désillusions sont nombreuses. Après un petit passage à vide, elle reprend espoir. Elle pense à sa mère qui, deux fois, a trouvé le grand amour et recommence à croire au destin. Elle apprend simplement à se méfier et à ne plus faire confiance au premier venu.
Depuis l’arrivée de Jade à Harvard, six ans et demi ont passés, elle est aujourd’hui en plein milieu de sa septième année d’étude. Elle a son appartement, sa routine, ses amis… elle travaille à l’hôpital en tant qu’interne et n’a jamais eu le moindre doute sur la voir professionnelle qu’elle s’est choisie. En soi, Jade mène une vie plutôt tranquille. Mais tout est sur le point de changer. Oubli d’un soir mais oubli fatal, Jade est enceinte. Après une soirée arrosée, elle est rentrée avec le colocataire d’un ami, et si le lendemain ils ont convenu que c’était juste l’histoire d’une nuit, « le destin » en a lui décidé autrement.

J'ai adoré ta façon d'écrire, c'était très plaisant à lire! Puis, j'espère qu'elle trouvera l'amour le vrai la prochaine fois!

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